jeudi 30 septembre 2010

Escobarines: Entraide amicale








- Il se fout de toi… Tu vois pas qu’il se fout de toi ?…
- Oh, tu vas pas recommencer avec ça, écoute !…
- N’empêche qu’il te mène en bateau… Et proprement…
- C’est pas parce que toi, tu tombes chaque fois sur des cas que ça doit forcément être la même chose pour moi…
- Il tient pas la route ce type… Ca se voit comme le nez au milieu de la figure… Il va t’en faire baver, mais baver !… Quelque chose de rare… Tu viendras pas me dire, après, que je t’avais pas prévenue…
- Mais enfin qu’est-ce que t’as contre lui ?…
- Rien… Absolument rien… Sauf que c’est le genre de dragueur-né qui va t’en faire voir de toutes les couleurs…
- Dragueur, lui ?… Laisse-moi rire…
- Evidemment il va pas aller s’en vanter…
- Non, mais alors là s’il y a une chose dont je sois sûre, c’est bien celle-là…
- Tu parles !… Laisse-moi deux heures avec lui et je te parie tout ce que tu veux qu’il me branche… Et qu’il fait pas semblant…
- Si tu tiens à perdre ton temps…

- Alors ?!… T’en as été pour tes frais, je suis sûre…
- Pas vraiment, non… Il m’a invitée au restaurant…
- Au restaurant ?… Comment ça au restaurant ?…
- Jeudi soir… Tu vas bien dormir chez ta mère jeudi soir ?…
- Le salaud !… Non, mais quel salaud !… Et t’as répondu quoi ?… T’as accepté ?…
- Je m’en suis bien gardée… Tant que je t’avais pas vue…
- Vas-y !… Je veux en avoir le cœur net… Vas-y !… Mais il t’a proposé ça comment ?…
- Comme un homme qu’invite une femme au restaurant avec des intentions bien précises…
- C’est pas possible… Mais non, c’est pas possible… Tu te l’es imaginé… Il t’a invitée parce qu’on est amies toutes les deux… Pour me faire plaisir… Pour te parler de moi…
- Ben voyons !…
- Mais si !… Il est pas idiot quand même… Il sait bien que t’auras rien de plus pressé que de venir m’en parler…
- Sauf si je le trouve irrésistible… Ce qu’il est persuadé qu’il est…
- Je peux pas y croire… Non, je peux pas y croire… Mais vas-y !… Oui, vas-y !… Faut que je sache…

- Je t’attendais…
- Ca… Je m’en doute…
- Et alors ?…
- J’ai appris pein de choses…
- Quoi ?…
- Par exemple qu’il aimait mettre des fessées… Et que tu ne détestais pas en prendre…
- C’est bien ce que je pensais… En fait vous avez parlé de moi, quoi !…
- Tu me l’avais jamais dit ça…
- L’occasion s’est jamais présentée… Et à part ça ?…
- Il s’est montré très entreprenant, mais vraiment très entreprenant…
- Entreprenant comment ?…
- Faut pas que je te fasse un dessin ?…
- Oui, mais enfin ça !… Entreprenant… Entreprenant… Tout dépend de ce qu’on entend par là…
- J’en étais sûre que tu me croirais pas…
- C’est pas que je te crois pas, mais quand on le connaît comme je le connais…
- Il te faut des preuves, c’est ça ?…
- C’est pas qu’il me faut des preuves, c’est que… Qu’est-ce que tu fais ?…
- Je me déculotte…
- Oui, ben ça je vois bien…
- Alors ?… T’en dis quoi ?… Tu me crois maintenant ?…
- Mais t’es une vraie salope !…
- Quoi !?…
- T’as couché avec !… Me dis pas que t’as pas couché avec…
- Non, j’ai pas couché avec, non… C’est pourtant pas faute qu’il ait insisté… Qu’il ait juré ses grands dieux que tu saurais rien…
- C’est dégueulasse ce que t’as fait… Dégueulasse…
- Non, mais alors là c’est la meilleure… Parce que moi je me dévoue… Je me décarcasse pour te rendre service et voilà tout le remerciement que j’en ai… Tu crois que c’est pour le plaisir que je me suis laissé tambouriner le cul tant et plus ?…
- Oui, oh, alors ça !…
- Eh ben non, figure-toi !… Non… Mais c’était le seul moyen pour que tu me croies… Pour que tu ne continues pas à le défendre aveuglément envers et contre tout… Ah, tu m’y reprendras à vouloir te rendre service… Tu m’y reprendras…
- Qu’est-ce qui me le prouve ?…
- Qu’est-ce qui te prouve quoi ?…
- Que c’est lui qui t’a fait ça ?… Ca peut être n’importe qui d’autre… Et toi, tu dis que c’est lui… Pour l’enfoncer… T’as jamais pu le sentir…
- Oui, bon ben tu sais pas?... Tu te démerdes avec... Moi, j'me casse... Et tu m'oublies... Surtout tu m'oublies...

lundi 27 septembre 2010

Colocataires3 ( 14 )

- Ils sont tous pareils les mecs finalement…
- Je te le fais pas dire… Si seulement tu pouvais réellement t’en convaincre !… Ca changerait bien des choses pour toi…
- Non, mais vous avez vu ce troupeau ?… Et comment ça me suivait à la trace… Il y en a quatre fois le tour de la halle aux chaussures je leur ai fait faire…
- Faut dire que vu tout ce que tu leur dévoilais généreusement…
- Oh, quand même !… Pas tant que ça…
- Tu plaisantes ?… Ils n’ignorent absolument plus rien désormais de tes petits secrets… Ni de l’état dans lequel une bonne fessée met ton derrière…
- Ceux qui m’ont le plus fait rire c’est ceux qu’étaient avec leurs femmes… Comment ils élaboraient des stratégies compliquées pour qu’elles s’aperçoivent de rien…
- Ca te fascine toujours autant, hein, les hommes mariés…
- Mais non, mais…
- Mais si !… Et je crois que ça a pas fini de te valoir des fessées…
- Oui, oh, mais de toute façon, là, de quoi vous voulez qu’elles se plaignent ?… Si elle y attrapent ce soir – et il y en a un sacré paquet qui va y attraper – elles pourront me dire merci…

- On a bien fait de rester manger là finalement… On est nettement mieux qu’à notre hôtel… Avec la mer juste en face comme ça… Et les gens qui se promènent… Vous avez vu le nombre qu’il y en a d’amoureux ?… C’est fou quand on y pense… Vous croyez que j’en aurai un aussi, moi, un jour ?… Un vrai… Qui dure… Qui soit qu’à moi et que je sois qu’à lui…
- Il y a pas de raison…
- Il y a des moments où il y a que de ça que j’ai envie… Et de rien d’autre… Mais faut pas que je me fasse trop d’illusions quand même… Destructrice comme je suis… Suffira que ça aille trop bien pour que je foute tout par terre, je me connais… Il y a que vous qui pouvez m’obliger… M’obliger et m’empêcher… Si un jour j’ai vraiment un mec c’est que vous aurez fait ce qu’il faut pour… Et que vous continuerez à faire ce qu’il faut pour… Et même pour le reste… Parce que vous savez ce que je me dis des fois ?… C’est qu’on est partis sur les mecs tous les deux, oui, mais il y a pas que ça… Parce que regardez question boulot… Depuis que je suis rentrée j’ai rien trouvé… Et pourquoi j’ai rien trouvé ?… Parce que j’ai pas vraiment cherché… Pire même !… Les deux fois où ça aurait pu le faire je me suis arrangée pour que ça le fasse pas… Une fois en y allant pas et l’autre en me montrant tellement insolente qu’on voit vraiment pas comment le patron il aurait pu m’embaucher… Là-dessus aussi faudrait que vous me preniez en mains… Sinon je vais forcément toujours choisir la solution de facilité… Vous me logez… Vous me nourrissez… J’ai tout ce que je veux… Pourquoi j’irais faire des efforts et chercher vraiment du travail ?… Quitte à m’en mordre les doigts plus tard…
- Dès qu’on est rentrés – dès demain – on s’en occupe…
- Merci… Mais il y a pas que ça… Il y a plein de trucs qu’il faudrait que je change… Dans mon caractère… Dans ma façon de faire… Dans plein de domaines, je le sais bien… Seulement je suis pas courageuse… Et j’ai aucune volonté… Alors si on m’aide pas… Si on me force pas… Vous savez ce que je voudrais ?… Ce que j’aimerais ?… C’est que ce soit toute ma vie que vous dirigiez… Pour que je fasse ce que je dois faire… Pour que je sois comme je voudrais tellement être… Je m’abandonnerais… J’aurais plus besoin de me poser sans arrêt tout un tas de questions… Je ferais ce que vous me diriez de faire… Et vous me puniriez si je le faisais pas… Ou si je le faisais mal… Seulement, malheureusement, c’est pas possible…
- Pourquoi ça « pas possible » ?…
- Parce que, pour pouvoir faire un truc pareil, faudrait qu’on soit que tous les deux à vivre à la maison…
- Pas nécessairement…
- Oh, ben si !… Si !… Et vous le savez très bien en plus… Mais peut-être qu’un jour – plus tard – ce sera possible… On sait jamais…

- Eh ben dis donc !… Quand on dit que les femmes sont bavardes… Un sacré moment vous lui avez discuté à celui-là devant la porte de l’hôtel…
- Oui… Une conversation passionnante on avait tous les deux…
- Pendant que moi j’attendais dans la voiture… Et c’était quoi le sujet ?…
- Toi…
- Moi ?… A propos de quoi moi ?…
- Il voulait savoir pourquoi tu l’avais eue la fessée… Si je t’en donnais souvent… Comment tu réagissais… Plein de choses…
- Et vous lui avez dit quoi ?…
- La vérité… Que t’es une coureuse…
- C’est pas vraiment vrai…
- Ben voyons !…
- Enfin si !… Dans un sens… Mais pas dans un autre… Et puis il y a pas que ça… C’est pas la seule raison pour que vous me punissiez…
- Tu sais ce qu’il m’a demandé ?…
- Non…
- S’il pouvait pas voir ce que ça donnait… Juger sur pièces…
- Il est à peine gonflé lui !… Et vous avez répondu quoi ?…
- Que c’était prématuré… Mais que peut-être un jour… Il m’a laissé ses coordonnées du coup…
- Et vous comptez faire quoi ?…
- Ca va dépendre de toi… Et uniquement de toi…

jeudi 23 septembre 2010

Escobarines: La novice





- Notre communauté accueillera demain en son sein une recrue qui l’honore… Et qui va définitivement la mettre à l’abri du besoin… Je compte donc sur vous, ma sœur, pour faire en sorte que son arrivée parmi nous s’opère dans les meilleures conditions…
- J’y veillerai, ma mère… Mais si vous souhaitez m’en dire davantage…
- Les grands de ce monde ont parfois des faiblesses…
- Que Dieu leur pardonnera pourvu qu’ils fassent amende honorable et s’efforcent de racheter leurs fautes…
- La jeune personne qui va nous rejoindre est de noble extraction… Très très noble… On ne peut plus noble, mais… malheureusement… illégitime…
- Je prierai pour Sa Majesté…
- Qui tient à ce que le secret de cette naissance soit scrupuleusement gardé… La principale intéressée elle-même doit tout en ignorer… Il lui suffit de savoir, pour s’en repentir, qu’elle est le fruit du péché…
- Ainsi sera-t-il fait… Quant à son éducation ?…
- On nous laisse carte blanche… Nos chères soeurs languedociennes auxquelles elle a été confiée jusqu'à sa majorité paraissent, dans l’ensemble, satisfaites et de son caractère et de sa docilité et de sa piété… Elle semble toutefois prédisposée, de par ses origines, quand bien même elle les ignore, au péché d’orgueil et à celui de luxure… Ce sont là des vices dont je ne doute pas, ma sœur, que vous aurez à cœur de la corriger…
- Vous pouvez compter sur moi, ma mère…

- Voilà une semaine entière – depuis que vous êtes arrivée parmi nous – que nous vous observons, ma fille, notre mère Supérieure et moi… Vous faites des efforts louables pour vous conformer, du plus près possible, à notre idéal de vie religieuse et nous vous en savons gré… Nous vous en saurions infiniment plus gré encore si vous ne promeniez pas partout cet air de perpétuel contentement de vous-même… Si vous ne cherchiez pas en permanence à susciter l’admiration par un comportement irréprochable… De toutes les vertus l’humilité est la plus noble… Il semble malheureusement que vous en ayez été fort peu pourvue à la naissance… Il est de notre devoir, vous en conviendrez très certainement, de vous la faire acquérir, fût-ce à votre corps défendant…
- J’en conviens, ma sœur… Et avec l’aide de Dieu…

- Qu’est cela, ma fille ?… Que faisiez-vous ?…
- Rien, ma sœur… Rien…
- Et que vous efforcez-vous donc de cacher là ?… Faites voir !… Allons, faites voir !… Un miroir ?!… Vous savez fort bien que la possession d’un miroir est formellement prohibée dans l’enceinte du couvent…
- Pardonnez-moi, ma sœur…
- De quelle utilité vous est donc un miroir ?… Qu’avez-vous à vous soucier de votre apparence ici ?… Eh bien répondez !… Expliquez-vous !…
- Je suis coupable…
- Sans aucun doute… Ne savez-vous donc point que votre corps n’est qu’une méprisable et périssable enveloppe charnelle… Que c’est votre âme qu’il faudra rendre à Dieu… Et que vous serez comptable, ce jour-là, de chacun de vos actes, de chacune de vos pensées… Ne le savez-vous donc point ?…
- Si fait, ma soeur…
- De quelle nature étaient donc les pensées qui vous habitaient quand je suis survenue ?…
- Ma sœur…
- Et quelle est la partie de vous-même que vous contempliez avec une telle attention ?…
- Oh, ma sœur !...
- Dites...
- La plus impure…
- C’est bien en effet ce qu’il m’a semblé… Dans quel but ?… Ignorez-vous que ce péché, si vous le commettez, vous expose à la damnation éternelle ?
- Que Dieu me vienne en aide…
- Il le fera… Si vous avez à cœur de confesser vos fautes…
- Je n’y manquerai pas, ma sœur…
- Et si vous prenez la ferme résolution de ne plus céder, à l’avenir, à la tentation…
- J’y suis prête…
- Vous y parviendrez si vous consentez à mortifier votre chair… A la punir de chercher à vous détourner ainsi de la voie du salut…
- Je le ferai…
- C’est-à-dire ?… Allez-vous vous appliquer à vous-même la discipline ?…
- Puisqu’il le faut…
- Ne craignez-vous point de faire preuve, à cette occasion, d’une indulgence coupable à votre propre égard ?…
- Ne suis-je pas la plus mal placée pour en juger ?…
- En effet… C’est donc moi qui, dans l’intérêt de votre salut, vais officier…
- Je vous en ai une infinie gratitude, ma sœur…
- Il ne vous reste plus dès lors qu’à vous dépouiller de vos vêtements…

lundi 20 septembre 2010

Colocataires3 ( 13 )

- Regarde discrètement le couple âgé près de la fenêtre là-bas à gauche…
- Oui… Eh bien ?…
- Ils ont la chambre juste à côté de la nôtre…
- J’m’en fiche un peu, vous savez…
- Sauf que tout à l’heure quand tu vas recevoir ta fessée – chose promise, chose due – ils vont être aux premières loges…
- Ah oui…
- La petite jeune fille – elle a à peu près ton âge – qui dîne avec ses parents, derrière toi aussi… Elle, elle est de l’autre côté… Et sans doute les échos, même atténués, de ta fessée résonneront-ils dans bien d’autres chambres…
Elle n’a pas répondu. Elle a lentement parcouru la salle des yeux. Les a baissés. A terminé son assiette sans un mot…

- Vous allez m’y laisser encore longtemps au coin comme ça ?…
- Je sais pas… Pourquoi ?… Tu fatigues ?…
- Un peu… Oui…
- Faudrait savoir ce que tu veux… Tu m’as dit un jour que tu la concevais pas sans qu’on te mette au coin la fessée…
- C’est vrai, oui, mais…
- Moi aussi, j’aime bien… C’est très très agréable de pouvoir contempler tout à loisir ton petit derrière rougi… Je m’en lasse pas… Des heures j’y passerais…
- Vous aimez mieux ça que de me regarder le minou ?…
- C’est différent… C’est autre chose… Ca te brûle ?…
- Un peu que ça me brûle… Vu comment vous avez tapé…
- Tu le regrettes ?…
- Non… Parce que c’est comme si j’étais presque complètement lavée de la Guyane maintenant… De tout ce que j’ai fait là-bas… Mais dites… J’ai crié fort ?… Je me suis pas rendu compte…
- Tout l’hôtel en a profité… Ca fait pas l’ombre d’un doute…
- Et il y a pas quelqu’un qu’a frappé au mur à un moment ?…
- Non… Au plafond… Au-dessus… Plusieurs fois…
- Sérieux… Jusqu’à quand vous allez m’y laisser au coin ?…
- Je te l’ai dit… Je sais pas… Peut-être jusqu’à demain matin… Oui… C’est une bonne idée ça… Jusqu’à demain matin… Et plutôt que de descendre je demanderai qu’on nous le monte ici, dans la chambre, le petit déjeuner… C’est le patron qui l’apporte en général… Je suis sûr qu’il sera ravi du spectacle…

- Vous savez qu’à un moment j’ai vraiment cru que vous alliez le faire ?… Que vous alliez me laisser comme ça jusqu’au petit matin ?…
- Ca a bien failli… En attendant je l’ai croisé le patron tout à l’heure… Il m’a gratifié d’un clin d’œil manifestement complice… Il a tout entendu, c’est clair… Et on aurait quand même bien pu lui laisser monter le petit déjeuner… Oh, mais ça arrivera… Ca t’arrivera… Avec lui ou un autre… Ici ou ailleurs… Ca t’arrivera forcément un jour… un jour que tu auras poussé le bouchon vraiment trop loin… Qu’il se sera avéré nécessaire de te donner une bonne leçon…
- Vous pouvez pas savoir comment ça me fait plaisir que vous disiez ça… Parce que ça prouve que vous avez envie que ça continue… Que vous allez pas me laisser tomber…
- Je n’en ai jamais eu l’intention…
- Vous retournez pas, mais il y en a deux derrière vous ils arrêtent pas de me regarder en rigolant…
- S’il y avait qu’eux !… Tu fais manifestement l’objet de l’attention générale…
- Vous croyez ?…
- Je crois pas… Je suis sûr…
- Qu’est-ce qu’ils pensent, vous croyez ?…
- Que tu t’es pris une fessée… Qu’est-ce que tu veux qu’ils pensent d’autre ?…
- Oui, mais de moi ?… Des raisons pour lesquelles vous me l’avez mise ?…
- Là-dessus chacun doit avoir sa petite idée… Alors le mieux, si tu veux savoir, ce serait de leur demander… Tu veux que je le fasse ou tu t’en charges ?…
- Non !… Non !…
- Ca risquerait d’être très instructif pourtant… Tu veux vraiment pas ?…
- Vous me faites marcher… Vous le feriez pas n’importe comment…
- A ta place je tenterais pas trop le diable…
Un jeune couple a fait son apparition sur le pas de la porte. Lancé un grand bonjour à la cantonade. Longé notre table…
- C’est elle !… Je te dis que c’est elle !…
Ils se sont chuchoté quelque chose et ils ont éclaté de rire…
- Vous avez fini ?…
- Pas tout à fait, non…
- Vous vous dépêchez ?… Qu’on puisse profiter de la journée au maximum…
- T’as envie qu’on aille où ?… Qu’on fasse quoi ?…
- Ce que vous avez envie…
- Et si on allait te faire essayer des chaussures ?… Ca te dirait pas ?…
- Si…
- Mais alors nettement plus courte qu’hier la robe et…
- Rien en dessous… Oui… J’avais compris…
On s’est levés. Toutes les conversations se sont interrompues. Tous les regards ont convergé vers nous…

jeudi 16 septembre 2010

Escobarines: Les Deux-Troncs







- Non, mais tu y crois, toi, que quand on était petites on adorait ça venir ici ?…
- Fallait vraiment qu’on soit petites… Et particulièrement connes…
- On se casse ?…
- Pour avoir la pantomine pendant des mois ?… S’entendre répéter sur tous les tons qu’on est des sans-cœur ?… Qu’on n’a même pas pu consacrer une semaine de nos vacances à tante Sophie qu’est tellement vieille que peut-être que dans un mois elle sera crevée…
- Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir foutre ?…
- A part se faire des mecs je vois pas trop…
- Il y en a pas beaucoup… Et la plupart, apparemment, ils sont en mains…
- Oh alors ça, pour moi, c’est pas vraiment un problème… Celles qui les ont si elles sont pas fichues de les garder c’est tant pis pour leur pomme…
- Oui, mais il y a Kevin… J’y tiens, moi, à Kevin…
- Parce que tu crois que j’y tiens pas, moi, à John ?… C’est pas une raison pour pas s’éclater quand il y a une occasion qui se présente… Du moment qu’ils risquent pas de le savoir… Surtout là que si on n’a pas au moins ça c’est forcément le suicide qui nous guette…

- Vous êtes pas du coin ?…
- Comme si vous le saviez pas…
- Non… Vous êtes pas du coin… Mais vous l’êtes un peu quand même… En tout cas qu’est-ce que vous avez changé !… C’est impressionnant…
- En dix ans… Forcément…
- Comme vous êtes devenues maintenant comment ça donne envie de faire plus ample connaissance…
- « Comme on est devenues… » C’est-à-dire ?… Plus intelligentes ?… Plus cultivées ?… Plus réfléchies ?…
- Oui… Voilà… Tout ça…
- Ah ben merci !… Merci !… C’est sympa… C’est agréable… Alors c’est comme ça que vous nous voyez !… C’est pour ça qu’on vous intéresse… Autant nous dire carrément en face qu’on est des gros thons, quoi !…
- Hein ?!… Mais jamais de la vie !… On n’a pas dit ça !…
- Non, mais ça revient au même… Exactement au même… C’est comme si vous l’aviez dit…
- Mais on le pense pas…
- Oui… Ben alors ça !… Pour nous en convaincre vous allez devoir vous donner du mal…

- Alors ?… Toi ?… Le tien ?…
- Bof !… Mais alors là un gros gros bof… Et toi ?…
- Vaut même pas le détour… On s’est fait avoir sur toute la ligne, quoi !…
- On a été connes… Parce que les deux autres en boîte, au comptoir, ils étaient beaucoup plus mignons… Ils auraient été beaucoup plus câlins, je suis sûre… Et beaucoup plus… compétents…
- Il est pas trop tard… C’est facile… On sait où les retrouver…

- Tu vois… Je t’avais dit…
- Ah oui !… Là… Ouche…
- Par contre il y avait une fille elle me tirait une de ces gueules !…
- Moi, pareil !… Leurs copines sûrement… Mais qu’est-ce qu’on s’en fout !… Dans trois jours on n’est plus ici…

- Salut !… Dites-nous un truc, là… Les gars d’ici vous avez l’intention de les essayer tous les un après les autres ?…
- Il y a pas marqué « Chasse gardée » dessus…
- Il y a pas marqué, non… Mais enfin ça coule quand même un peu de source qu’il y a des filles qui ont des vues dessus… Ou même qui sont carrément avec… Dans un sens c’est pas trop grave : dès que vous vous serez tirées on les récupérera… Mais dans un autre faudrait quand même qu’on marque le coup… Qu’ils aillent pas s’imaginer, les mecs, qu’on laisse tout passer sans réagir…
- Ce qui veut dire ?…
- Que notre petit doigt nous a raconté quelque chose…
- Oui… A ce qu’il paraît que là-bas, où vous habitez, il y a un truc que vous adorez qu’on vous fasse… Panpan cucul, pour être plus précises… Et par les filles aussi bien que par les garçons…
- Qui c’est qui vous a parlé de ça ?…
- Ca n’a pas d’importance qui c’est…
- Sonia… Ca peut être que Sonia…
- Ou Stéphanie… Quelles garces !…
- Mais d’où elles les connaissent ?… D’où vous les connaissez ?… Elles sont à des centaines de kilomètres d’ici…
- Ca, ça nous regarde comment on a su… Mais on a su… On a même su que pour vous, des fois, c’est carrément l’extase… A condition que ça dure… Que ça s’éternise même… Alors du coup qu’on vous en mette une, nous, ça vous dirait pas ?… Avec les mecs planqués pas loin à regarder… Parce que paraît que c’est surtout ça votre truc… Des mecs que vous pouvez faire semblant de pas savoir qu’ils sont là… Vous y trouveriez votre compte… Et nous, on sauverait la face… A condition que vous résistiez au début, que vous fassiez semblant de vous débattre… Qu’ils croient – c’est ce qu’on va leur dire – qu’on vous a tendu un piège pour se venger et que vous êtes tombées dedans…

- C’est où qu’elles ont dit qu’il fallait qu’on aille ?…
- Aux Deux-Troncs…
- Tu sais où c’est ?…
- Evidemment que je sais…
- Et qu’est-ce qu’on va faire ?… On va y aller ?…
- Un peu qu’on va y aller… T’as pas envie ?…
- Si !…
- Eh ben alors…

lundi 13 septembre 2010

Colocataires3 ( 12 )

Sur la terrasse du petit déjeuner le soleil batifolait dans ses cheveux. Elle a revêtu une large tranche de pain d’une épaisse couche de beurre, l’a trempée dans son bol de café au lait…
- Comment vous étiez dur hier soir !… Et tout ce que vous avez giclé !…
- T’étais pas mal non plus dans ton genre…
- C’est vrai… C’est vrai qu’il y a longtemps que j’avais pas pris un pied comme ça juste avec mes doigts… C’est de votre faute aussi… A me le regarder comme ça pendant des heures… Avec l’air que vous prenez en plus !… Vous savez ce que je pensais après quand je dormais pas ?… Eh ben c’est que si on faisait ça comme ça de temps en temps à la maison j’aurais beaucoup moins envie de courir à droite et à gauche et de me fourrer dans des guêpiers inextricables… Mais c’est pas possible qu’on le fasse… Malheureusement…
- Et pourquoi donc ?…
- Parce qu’elle dort tout le temps avec vous Mélianne… C’est pas juste d’ailleurs… Je vois pas pourquoi c’est toujours elle… Il y a pas de raison… Ce serait normal qu’on partage…
- Et pourquoi pas ?…
- Oui… Oh, tu parles !… Si je vous prenais au mot vous seriez bien embêté… Chiche !… Chiche qu’en rentrant on fait un tour de rôle…
- On verra ça…
- Vous voyez… Déjà vous vous défilez… De toute façon c’est pas la peine… Elle voudra jamais…
- C’est pas à elle de décider…
- Oui… Oh, alors ça !… En tout cas… en attendant… s’il y en a une qu’a accepté de vous faire voir comment elle se faisait du bien c’est pas elle… C’est moi…
- Peut-être que elle aussi… Qu’est-ce que tu en sais ?…
- Je le sais… On parle toutes les deux, figurez-vous !…
- Et ?…
- Et elle est persuadée qu’elle vous tient avec ça… Qu’en vous le faisant miroiter pour plus tard… un jour… elle peut obtenir tout ce qu’elle veut de vous tellement vous en avez envie… Et du coup vous êtes pas près de la voir faire… Bon, mais allez !… On cause d’autre chose… Elle va pas venir nous casser les pieds jusqu’ici quand même !… Il fait un temps magnifique… On a toute la journée devant nous… Où on pourrait aller ?…
- Choisis, toi !…
- Je sais pas… A Nice ?…
- Quoi faire ?… Les magasins de sapes ?…
- Si ça vous embête pas…
- Ca m’embête pas, non… A une condition…
- Je sais… Je sais laquelle… Que je mette pas de culotte… C’est déjà fait…
- T’avais bien préparé ton coup, hein ?!…
- Quand même !… Je commence à vous connaître depuis le temps…

- Tu le feras pas…
- Oh, alors là !… Vous pariez ?…
Elle a passé la tête par l’embrasure du rideau de la cabine d’essayage…
- Monsieur ?!… Monsieur ?!… S’il vous plaît… Vous auriez pas le même que celui-là de maillot, mais en rouge ?…
Il a fait signe que oui. A disparu. Est revenu. A écarté le rideau pour le lui tendre. Elle ne l’a pas pris. Elle est sortie, en lui tournant le dos, du maillot noir… Il l’a regardée faire, médusé, les yeux exorbités. Elle s’est retournée, lui a pris l’autre des mains…
- Merci…
L’a enfilé. Ajusté sur les seins…
- Mouais… Mouais… Qu’est-ce que vous en pensez ?…
Il a balbutié quelque chose. Sa glotte tressautait furieusement…
- Oui… Non… Je préfère l’autre finalement…
Elle l’a retiré. Le lui a rendu. Il l’a emporté…
- Et là ?… Pas calmé ?…

- Elle était trop sa tête… Mais quand même !… Quand même !… Ce que vous me faites pas faire !…
- Et bien sûr ça va être de ma faute… Ca !…
- Ben oui !… Oui !… Vous croyez que je fais des trucs pareils quand vous êtes pas avec moi ?…
- Ca… J’en sais rien du tout…
- Vous êtes quand même sacrément tordu, avouez !… Parce que vous faites tout pour me donner envie d’un mec – la preuve, là – et, en même temps, j’ai pas le droit… C’est sadique, ça !… Comment vous voulez que je fasse ?…
- Comme hier soir…
- Ben tiens !… Vous y prenez goût on dirait… J’aime ça !… J’aime que vous en ayez envie… J’aime qu’on se retrouve comme on se retrouve là tous les deux… Comme si on était revenus au début et qu’il y avait jamais rien eu dans l’intervalle… Oui… J’ai envie… Comment j’ai envie !… Il y a un hôtel, là… Vous venez ?…
On nous a tendu une clé…
- Chambre 313… Troisiéme étage…
Elle s’est déshabillée dans l’ascenseur. Complètement. Personne sur le palier. Ni dans le couloir…
- Dommage !… J’aurais bien voulu… Vous auriez aimé…
Elle s’est jetée sur le lit… S’est ouverte…
- Venez !… Tout près… Que je sente votre souffle dessus pendant que vous regardez…

jeudi 9 septembre 2010

Escobarines: Mademoiselle Collignon





- Zut !… Mon savon… Il a filé de ton côté par en-dessous… Tu me le refais passer ?… Merci… Bon, mais alors du coup tu rentreras jamais chez toi le week end si t’habites si loin… Tu resteras ici…
- Ben oui…
- Tant mieux !… J’aurais encore été toute seule sinon… Comme l’année dernière… Qu’est-ce que je pouvais m’emmerder !… Je passais mon temps à attendre le lundi que les autres reviennent et que les cours reprennent… C’est quand même con, avoue !… Bon, mais et toi ?… Raconte !… Comment ça se fait qu’on t’a envoyée ici, toi ?…
- Je foutais rien de rien… Et j’ai fait des conneries en plus… Et pas des petites… C’est pour me visser qu’ils ont dit…
- Oui… Oh, tu verras… Y a quand même pas trop à se plaindre… Ca pourrait être pire… Le tout c’est de te faire oublier… Si tu les emmerdes pas elles t’emmerderont pas…
- C’est vrai qu’elles ont le droit de nous donner la fessée ?…
- Ah ben oui… Oui… Les lois elles sont comme ça dans ce pays ici… C’est même écrit dans le règlement… Tu l’as pas lu ?…
- Si… Justement…
- Elles ont le droit, mais elles le font pas… Depuis que je suis là – ça fait deux ans – j’ai encore jamais vu une fille en recevoir une… Peut-être qu’il y en a qui en prennent quand elles sont convoquées chez la directrice et qui s’en vantent pas… Ca, c’est possible – je sais pas – mais autrement… T’en as qui t’en menacent, oui… Comme la Duclos… Ou la Vaissier… Et là tu te tiens à carreau… Parce qu’elles rigolent pas ces deux-là et que tu sais qu’elles hésiteraient pas à te le faire… Ou bien la Collignon, mais elle !…
- C’est qui, celle-là ?…
- Celle de Maths…
- Ah oui… Et c'est elle qu'est restée pour nous surveiller toutes les deux vu qu'on est pas parties...
- Voilà, oui... Vingt fois par jour elle te cause de son martinet… Qu’on va voir ce qu’on va voir quand elle va le sortir… Qu’on a intérêt à préparer nos fesses… Qu’elles vont s’en souvenir… Sauf que personne l’a jamais vu ce fameux martinet… Que personne le verra jamais… Parce qu’il existe pas… Et tu sais ce qui se dit ?… Que elle c’est autre chose qu’elle a jamais vu…
- Quoi donc ?…
- La queue d’un homme… Elle est toute neuve, il paraît…
- Hein ?… Mais quel âge elle a ?…
- Cinquante… Sûrement quelque chose comme ça…
- Et… Non, c’est pas possible ça… Je te crois pas…
- Si je te le dis !… Du coup tu sais pas ce qu’on lui a fait un jour ?… Mais tu le répètes pas, hein ?…
- Oh ben non, non…
- On s’est mises à trois et on lui a écrit une belle lettre comme si ça venait d’un homme qui aurait été amoureux fou d’elle…
- Et alors ?…
- Et alors rien au début… Sauf qu’elle devait sacrément se demander qui ça pouvait bien être… On a attendu un peu et on lui en a renvoyé une autre… Où il disait qu’il était sûr qu’elle savait qui il était… Encore une autre… Et pourquoi elle lui répondait pas ?… C’était cruel… Elle était cruelle… Alors que lui nuit et jour il ne pensait qu’à elle… Il n’en dormait plus… Il n’en mangeait plus… Il ne vivait plus que pour le bonheur de l’apercevoir quelques instants, le dimanche, à la messe… Et patati et patata… On s’est prises au jeu… On lui en a envoyé de plus en plus… De plus en plus chaudes… Torrides… Tous les jours elle en recevait à la fin… Et elle se dépêchait de filer à la récré de dix heures pour aller chercher son courrier… Comment ça nous faisait rigoler !… Pour finir le type il lui a soi-disant donné rendez-vous un dimanche dans le parc derrière la mairie… Et évidemment moi je suis allée me planquer pas loin pour voir si elle allait venir… Et ce qu’elle allait faire…
- Elle est venue ?…
- Evidemment qu’elle est venue…
- Oh, la vache !… Comment vous avez dû vous marrer…
- Une heure en avance elle était… Et elle avait sorti le grand jeu : une robe à fleurs comme il s’en fait plus depuis un siècle et demi et un espèce de chapeau que le type il aurait explosé de rire s’il avait existé et s’il avait vu ça… Elle l’a attendu trois heures avant de se décider à rentrer en se retournant tous les deux mètres pour voir s’il était pas en train d’arriver… Mais tu sais pas le plus beau ?…
- Non…
- C’est qu’elle y est retournée le dimanche suivant… Parce qu’on l’avait fait s’excuser… Il avait eu un empêchement… Sa pauvre mère était tombée gravement malade… Mais là il allait venir… C’était sûr et certain…
- Et il est pas venu…
- Il risquait pas…
- T'as pas entendu quelque chose?...
- Non... Quoi?...
- Comme quelqu'un qu'essaie de se retenir de tousser...
- Tu te l'es imaginé... Bon, mais moi je sors... J'ai fini... Hein, mais qu'est-ce que?!... Non, Mademoiselle Collignon, non!...

lundi 6 septembre 2010

Colocataires3 ( 11 )

- Vous avez pris qu’une chambre ?…
- Oui… Ca t’ennuie ?…
- Oh non… Non… Au contraire… Pour une fois que c’est moi qui vais pouvoir dormir avec vous… Vous vous rappelez quand c’était la dernière fois ?…
- La dernière et la première… C’était juste avant que tu partes en Guyane…
- J’essayais de pas le montrer, mais comment j’étais triste !… Je me disais que si ça tombe je vous reverrais jamais… C’était une belle connerie en tout cas… Pour ce que ça m’a apporté… Que des ennuis… J’aurais bien mieux fait de rester ici… Je me serais peut-être mise aussi dans des situations impossibles, mais au moins vous auriez été là pour me recadrer… Non, mais quand j’y repense !… J’ai vraiment fait du grand n’importe quoi… Et vous m’avez même pas punie pour ça…
- Il est encore temps…
- Eh ben allez-y si vous voulez !…
- Pas maintenant… Non…
- Pourquoi « pas maintenant » ?…
- Parce qu’il est quatre heures de l’après-midi… Et qu’il y a personne pour en profiter dans les chambres autour…
- Vous pensez à tout, vous, hein !… Ce soir alors ?…
- Non plus… Non… Ca s’attend une fessée… Faut que t’aies le temps d’y penser… De l’appréhender… De regarder les gens autour de nous au restaurant et de te dire que celui-ci… celle-là… va entendre… Comprendre ce qui t’arrive… Et te voir, le lendemain matin, au petit déjeuner, d’un tout autre œil…
- Vous êtes diabolique…
- Non… Efficace… Du moins j’essaie…

- C’est pas mauvais, hein !?…
- C’est même très bon… Qu’est-ce que vous avez mangé quand vous êtes venu ici avec eux ?… Non… Me répondez pas… Je m’en fiche en fait…
- Tu te fiches de ce que j’ai mangé, mais pas forcément de ce qui s’est passé…
- Ca me regarde pas… Vous faites bien ce que vous voulez… C’est votre vie… De toute façon je le sais ce qui s’est passé… Vous avez couché avec cette Amandine… Elle s’en vante partout… Et fait des trucs, à ce qu’elle raconte Mélianne, avec le serveur du restaurant où on allait tous les deux dans le temps… Comme à la maison finalement… Je vois pas l’intérêt d’ailleurs… Je vois pas l’intérêt de se taper tous ces kilomètres juste pour faire exactement la même chose que ce que vous faites là-bas… Mais enfin si ça vous convient… En tout cas, moi, ce que je me dis c’est qu’il suffit de pas grand chose pour que tout prenne une direction différente… Ca te donne le vertige quand t’y penses… Parce que si j’avais pas dû partir à cause du boulot, si j’avais pas fait venir Mélianne à ma place comme une idiote, on serait restés que tous les deux et rien n’aurait été pareil… Ca m’apaise d’être toute seule avec vous… Ca me calme… Peut-être que j’aurais fait des conneries, sûrement même, mais moins… Et vous m’auriez remise aussitôt dans le droit chemin… Mais bon… On va pas revenir en arrière… Maintenant je suis là… Elle aussi… Faut faire avec…




- Je suis heureuse… Vous pouvez pas savoir comme je suis heureuse que vous me le demandiez… Parce que depuis que je suis revenue pas une seule fois vous en avez parlé… Pas une seule fois vous avez voulu… Alors moi je me disais que vous aviez plus du tout envie… Qu’avec tout ce que vous faites avec les autres quel intérêt ça pouvait bien avoir pour vous maitenant de me le regarder mon petit minou… Attendez !… Comme ça on va se mettre plutôt… Il sera bien dans la lumière et vous, vous serez beaucoup mieux installé… Et puis vous savez pas comment on va faire ?… Je vais le garder bien fermé au début, bien serré, et puis l’ouvrir petit à petit tout doucement jusqu’à ce qu’il le soit tout grand… Hein ?… Vous voulez ?…

- Tu mouilles…
- Oui… C’est trop de voir ce que ça vous fait à vous… Dans quel état ça vous met…
- Tu voudrais pas ?…
- Quoi ?… Que je me caresse ?…
- Oui…
- Si !… Mais alors vous vous mettez dans l’autre sens – tête bêche – et je vous le fais à vous aussi… En même temps…

jeudi 2 septembre 2010

Escobarines: Le collier





- T’as la peau qui marque ?… Tu les gardes longtemps les traces après ?…
- Ca dépend… Si t’as tapé fort ou pas… Et avec quoi… Souvent le lendemain c’est parti… Mais quelquefois deux ou trois jours ça reste…
- Comment tu fais alors pour ton mari ?…
- Oh, lui !… Il fait tintin… Jusqu’à ce que ça se voie plus… Je dis que j’ai mal à la tête… Ou que je suis fatiguée… Ou que j’ai des soucis au boulot… Ou que j’ai pas envie… Et ça marche… C’est facile d’en faire ce qu’on veut un homme… Qu’est-ce qu’ils sont benêts finalement si on y réfléchit bien… Bon, mais allez !… On s’en fiche de lui… Je suis pas venue ici pour parler de lui… Occupe-toi de moi plutôt… Comme j’aime…

- Tu m’as porté la poisse à parler de ça…
- Comment ça ?…
- Il m’est tombé dessus pendant que j’étais sous la douche… Je fais attention d’habitude pourtant, mais là… Il est rentré plus tôt et je l’ai pas entendu…
- Et alors ?…
- Et alors il a vu…
- Aïe !…
- C’était tout frais en plus… Impossible de nier…
- Qu’est-ce qu’il a dit ?…
- Qu’est-ce tu voulais qu’il dise ?… Il a poussé les hauts cris… « - Comment on t’a arrangée !… Non, mais comment on t’a arrangée… Quel est le salopard qui t’a fait une chose pareille ?… Que j’aille lui casser la gueule… - Mais non, Eric, non, c’est rien… - Rien !… T’appelles ça rien !… T’as le cul dans un état !… T’as un amant, hein, c’est ça !… Et dès que j’ai le dos tourné… - Si tu penses vraiment ce que tu dis alors il vaut mieux qu’on s’en tienne là tous les deux et qu’on parte chacun de son côté… »… Et j’ai boudé… Toute la soirée… C’est lui qu’est revenu finalement… « - Excuse-moi !… Je voulais pas… Mais faut me comprendre aussi !… Quand j’ai vu ça mon sang n’a fait qu’un tour… - Ca fait rien… C’est oublié… On n’en parle plus… - Mais c’est qui alors ?… Qu’est-ce qui s’est passé ?… - Oh, tu vas pas recommencer, écoute !… »… Et je lui ai tourné le dos… « - Bonsoir !… »
- Et il a pas insisté ?…
- Il avait pas intérêt… Mais bon !… Fallait quand même que je lui donne un os à ronger… Parce que je le connais… Oh, il m’aurait plus rien demandé !… Mais il aurait fait ses petits coups en douce… Style me faire pister par un détective privé… Ou fouiller systématiquement mon portable… Tout ça… Et il aurait fini par nous piéger toutes les deux… Alors le lendemain matin au petit déjeuner… « - Ecoute, Eric, c’est pas facile à avouer pour moi, mais j’ai fait une connerie… Une grosse connerie… - Ah !… - Tu sais, la bijouterie… Avenue de la 2ème division blindée… - Oui… Eh bien ?!… - Eh bien j’y suis allée… Voir un collier… Le revoir plutôt… Demander qu’on me le sorte… Pour rêver… Parce que c’est une merveille… Une pure merveille… Qui n’est pas pour notre bourse… Malheureusement… C’est même pas la peine d’y penser… Je suis restée là peut-être vingt minutes à le regarder… Et puis je sais pas ce qui m’est passé par la tête d’un seul coup… Un moment de folie… Je l’ai glissé dans mon sac et je me suis enfuie… Evidemment je suis pas allée bien loin… On m’a rattrapée… On m’a emmenée derrière où un petit bonhomme à lunettes s’est mis à faire les cent pas en répétant sur tous les tons qu’il allait appeler les gendarmes… Que j’allais pas y couper… Alors là !… Et puis il y en a un autre qu’est arrivé… Qu’avait l’air d’être encore plus chef que le premier… Qu’a voulu qu’il nous laisse seuls tous les deux… Qu’a tourné longtemps un stylo entre ses doigts… Qu’a fini par dire qu’on pouvait peut-être s’arranger… Oui, ben si s’arranger ça voulait dire qu’il comptait que je couche avec lui il pouvait toujours courir… Non, non, non… Il était pas question du tout de ça… J’avais mal compris… Non… S’arranger ça voulait dire que si j’acceptais qu’il me mette une bonne fessée déculottée il passait l’éponge… Ca allait pas, non ?… Il était pas bien ?… Fallait qu’il se fasse soigner… Mais en même temps il allait se passer quoi si je refusais ?… Les gendarmes… L’enquête… Les voisins qui se posent des tas de questions… Qui imaginent va savoir quoi… Sans compter tous les problèmes que ça allait sûrement poser… Pour ton boulot… Pour le mien… Alors une fessée… C’était un mauvais moment à passer… Un très mauvais moment à passer… Ca, c’est sûr, mais bon… d’un autre côté on n’en parlait plus… C’était fini… Et puis surtout tu n’étais pas au courant… Parce que comment j’avais honte de penser que tu allais savoir que j’avais fait une chose pareille !… Finalement tu l’as su quand même… Mais au moins ça te retombera pas dessus… »
- Et il t’a crue ?…
- Un peu qu’il m’a crue… Comme une lettre à la poste c’est passé… C’était plausible, non ?… Et je sais être très convaincante quand je veux…
- Oh, ça, je n’en doute pas… Et comment ça s’était passé au juste la fessée il a pas cherché à savoir ?…
- Si… Mais j’ai éludé… J’ai fait celle qu’avait pas envie d’en parler… Pour qui ça avait déjà été tellement dur tous ces aveux… N’empêche que j’ai menti… Et que c’est pas beau de mentir… Et que tu vas me punir pour ça… Hein que tu vas me punir ?!… Et au martinet en plus…
- Et s’il s’en aperçoit encore ?…
- Je ferai très attention… Et puis même… Je trouverai bien quelque chose à inventer, t’inquiète !…