jeudi 23 juin 2016

Escobarines: Délit de fuite (2)

16 mai 2071


La porte de ma cellule s’ouvre. C’est elle. Narmine.
– Qu’on cause un peu toutes les deux quand même… Alors ? Contente d’avoir revu tes voisins ? Eh bien ? Réponds quand je te parle.
– Oui.
– On dirait pas ! Tu tires une de ces tronches ! Eux, en tout cas, d’après les échos que j’ai eus, ils étaient absolument ravis. Et ils n’ont qu’une hâte, c’est de te voir réinstallée là-bas. Oh, ça viendra, mais pas tout de suite. Que je profite un peu de toi d’abord. Ah, Valéa ! Si tu avais voulu… Je te demandais pas grand-chose. Juste de te laisser gentiment faire. Ça t’aurait coûté quoi ? Rien. Quelques caresses données. Quelques caresses reçues. Auxquelles tu aurais, toi aussi, trouvé ton compte. Tu as un corps de rêve, Valéa. Un corps que toutes les femmes t’envient. Qu’elles n’ont de cesse que de vouloir s’approprier…
Elle tend la main. Elle m’effleure un sein. S’en empare résolument. En fait dresser la pointe du bout du pouce.
– Ah, tu voudrais bien, hein, maintenant ! Mais trop tard, ma belle ! Tu as fait ton choix. Il va te falloir en subir les conséquences.


18 mai 2071


Encore elle…
– Tu te la coules douce, dis donc, en attendant ! Toute la journée à te prélasser sans rien faire… Tu sais que tes collègues de travail sont furieuses ? Non seulement il faut qu’elles fassent leur boulot, mais le tien par-dessus le marché…
– C’est pas de ma faute… S’il ne tenait qu’à moi…
– Pas de ta faute ! Non, mais alors là, c’est la meilleure ! Pas de ta faute ! Qui c’est qu’a disparu, pendant des semaines, au mépris affiché de toutes les réglementations en vigueur ? Pas de ta faute ! Non, mais cette fois on aura tout entendu ! Et reconnais que tu aurais au moins pu, depuis que tu es rentrée, passer leur dire un petit bonjour, non ? Et aller leur présenter tes excuses. C’était la moindre des choses !
– Comment j’aurais pu ? Enfermée ici…
– Fallait demander… Je t’aurais sans problème accordé l’autorisation…
– Je savais pas… Je…
– Tu savais parfaitement. Non, c’est de la négligence. Tout simplement. Tu as toujours été terriblement négligente… Oh, mais rassure-toi ! C’est un défaut dont on parviendra à te guérir. On va faire ce qu’il faut pour… À commencer par une bonne fessée… Ce qui est amplement mérité, avoue ! Qu’est-ce tu dis ?
– Rien…
– Ah, j’avais cru… Et c’est Rygreyne qui va s’occuper de ton cas cette fois-ci. La meilleure de nos fesseuses. Infatigable. À un bon quart d’heure sans discontinuer tu vas avoir droit. Et elle tape. Elle fait pas semblant. Non. Je peux t’assurer que, quand tu lui seras passée entre les mains, t’auras pas vraiment envie de remettre le couvert. Bon, mais allez ! Assez bavardé. Elle est prévenue. Elle t’attend.

– Alors ? Oui, hein ! Fais-moi voir ça ! Un véritable travail d’artiste, dis donc ! Ah, elle y est pas allée de main morte. Tu vas pas pouvoir t’asseoir d’un moment. Et t’auras tout intérêt à dormir sur le ventre. Te connaissant, t’as dû piauler tant et plus, non ? Elle me dira. Elle me racontera. Ce qu’il y a de sûr, en tout cas, c’est que tes collègues vont apprécier…
– Oh, non !
– Ah, ben si ! Si ! C’est la moindre des choses… Elles ont eu à souffrir de tes agissements. Il est bien normal qu’elles puissent constater, de leurs propres yeux, que tu as effectivement été punie pour ça. Elles t’attendent n’importe comment. Elles sont prévenues. Alors tu vas aller bien docilement te déculotter devant elles. Sans renâcler. Sans faire d’histoires. Sinon… Sinon c’est à tes collègues masculins qu’il te faudra aussi aller montrer ton derrière cramoisi. Tu voudrais pas ça quand même ? Eh bien alors !

Elles sont là. Elles sont toutes là. Immobiles. Silencieuses.
– Eh bien, allez ! Qu’est-ce que t’attends ?

Pas un mot. Pas une réflexion. Rien. Elles regardent. Intensément. Elles ne me quittent pas des yeux. Et ça dure. Une éternité.
– Bon, mais tu sais pas ? Finalement tes collègues hommes aussi on va aller leur montrer ça… Il y a pas de raison…
 (à suivre)

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