jeudi 28 septembre 2017

Mémoires d'une fesseuse (4)

J’ai dû me rendre rapidement à l’évidence : la fessée de Marie-Clémence avait déclenché quelque chose en moi. D’étrange, d’inhabituel et d’inquiétant. J’étais en effet désormais régulièrement assaillie par des images de fessiers meurtris, de croupes se tortillant, impuissantes, sous les claquées. Je me suis d’abord rageusement débattue contre elles. Ça ne me ressemblait pas. Ce n’était pas moi, tout ça. Mais j’avais beau les repousser avec horreur, les chasser avec la dernière énergie, elles ne désarmaient pas. Elles ne s’en montraient, au contraire, que plus déterminées à m’habiter.

Je m’en suis ouverte à Philibert. Je me sentais d’autant plus en confiance avec lui que, sexuellement, il n’était pas le moins du monde attiré par les femmes. Je n’avais donc pas à redouter que ses réactions ne soient pétries d’arrière-pensées intéressées.
– Tu te rends compte, Phil ? De plus en plus souvent ça m’attrape. D’où ça peut venir ?
– Ben, de ce qu’il y a eu avec ta coloc, là. Ça te fait remonter plein de trucs d’avant.
– Mais quels trucs ?
– T’en as jamais reçu des fessées quand t’étais petite ?
– Jamais, non.
– T’en as jamais vu non plus ?
– Mais non ! Je me rappellerais, quand même !
– De films peut-être alors. Ou de livres. Qui t’ont marquée sans que tu t’en rendes compte.
– Je vois pas.
– Qu’est-ce ça peut faire n’importe comment d’où ça vient ? Ça n’a pas d’importance. Va pas te prendre le chou. D’autant que les fantasmes, ça n’a jamais fait de mal à personne. C’est une affaire entre toi et toi.

Il avait raison. Évidemment qu’il avait raison. Et j’ai cessé de résister. Avec un peu d’hésitation au début. Pas mal de réticences. Avant de m’abandonner. Complètement. Avec délectation. De me livrer à de véritables orgies de fessées, toutes plus voluptueuses les unes que les autres. Que je faisais moi-même tomber sur des derrières exclusivement féminins. Ce pouvait être partout. N’importe où. N’importe quand. Mais c’était surtout pendant les cours. Je me choisissais secrètement une patiente, une fille plutôt jolie, à l’apparence plutôt effacée, et je ne la quittais plus des yeux. Je la mettais en situation. Je me l’appropriais. Je lui inventais une histoire, une famille, un copain. Et un lourd secret que je découvrais par hasard. Qu’elle serait morte plutôt que de voir divulgué. Je jouais sur du velours : son petit cul, c’est d’elle-même qu’elle venait gentiment me l’offrir pour échapper à pire. Je ne la ménageais pas. Je lui tambourinais allègrement le derrière. Ah, il en coulerait de l’eau sous les ponts avant qu’elle puisse s’asseoir. Il m’en sourdait aussi, délicieusement chaude, entre les cuisses.
Je m’attardais aussi aux terrasses des cafés où je jetais mon dévolu sur un couple. Il me le fallait jeune. Elle, un peu tête à claques. Lui, beau gosse. C’était mon mec. Il devenait mon mec. Qu’elle essayait de me souffler, l’autre espèce de petite saloperie. En toute connaissance de cause. Je lui tombais dessus comme une furie. Mais c’est qu’elle me tenait tête, le pire ! Qu’elle avait deux airs. Alors là ! Non, mais alors là ! Elle s’en prenait une carabinée de fessée, le cul à l’air, devant tout le monde. Qu’est-ce qu’ils pouvaient rigoler les gens autour ! Ah, elle faisait moins la fière d’un seul coup ! Sûr qu’elle allait pas avoir envie d’y remettre le nez.

Dans mon univers fantasmatique, Marie-Clémence occupait une place à part. Privilégiée. À cause de ce qui s’était passé. De ce que j’avais entendu. À quoi je faisais, de temps à autre, indirectement allusion, d’un air faussement innocent.
– Elle vient plus ta copine ?
Elle rougissait, se troublait,baissait les yeux.
– Je sais pas. J’ai pas de nouvelles.
J’enfonçais le clou.
– Faudra bien que je fasse sa connaissance, un jour, quand même ! Et, ce jour-là, peut-être que…
Elle comprenait à demi-mot.
– Oh, non ! J’aurais bien trop honte.
– Ben, justement ! Raison de plus.
C’était une perspective qui me ravissait. J’y pensais. J’en rêvais. Le soir, dans mon lit, je réentendais ses cris, le bruit des claques qui s’abattaient sur son derrière. Je le revoyais tout rougi, le surlendemain, dans la salle de bains. Et je m’épuisais de plaisir.

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