jeudi 12 octobre 2017

Mémoires d'une fesseuse (6)

Je me suis précipitée chez Philibert.
– À cette heure-ci ? Mais qu’est-ce qui se passe ?
– Rien. Enfin, si ! Je viens de lui en flanquer une à Marie-Clémence. Et une sacrée !
– Oui, oh, ben, c’est pas la première qu’elle se prend.
– Non, mais moi, c’est la première que je donne.
– Et alors ?
– C’est trop fou ce que tu ressens. Jamais j’aurais cru. C’est mille fois mieux que n’importe quoi. De la folie ! Non, mais pourquoi j’ai pas connu ça plus tôt, moi ?
– Tout vient à son heure.
– Un moment que ça me démangeait de lui faire, mais j’arrivais pas à me décider. Il y avait quelque chose qui me retenait, je sais pas quoi. Mais là, ce matin, elle a vraiment franchi les bornes. Elle a cherché ? Elle a trouvé. Et je peux te dire que c’est pas fini.

Elle est rentrée tard. Beaucoup plus tard que d’habitude.
– Où t’étais passée ? Qu’est-ce tu fabriquais ?
– J’ai traîné. Et j’ai pas vu passer l’heure.
– Bon, mais à part ça, t’as rien à me dire ?
– Si ! Excuse-moi pour ce matin. Je suis désolée.
– Ah, tu peux ! Parce que moi, je me décarcasse pour toi. Je fais tout ce que je peux pour t’aider. Tu crois que ça m’amuse de perdre mon temps à venir vingt fois dans ta chambre, chaque matin, te secouer. Franchement, j’ai mieux à faire.
– Je sais, oui.
– Et tout le remerciement que j’en ai, c’est de me faire traiter de pauvre conne. Avoue quand même que c’est fort de café.
– J’ai abusé.
– C’est le moins qu’on puisse dire. Alors reconnais qu’elle était amplement méritée cette fessée, non ?
– Si !
Du bout des lèvres. Et en baissant les yeux.
– Regarde-moi ! Et remercie-moi ! C’est la moindre des choses, non ?
Elle a relevé la tête.
– Merci.
– De quoi ?
– De me l’avoir donnée.
Et on a repris notre petit train train habituel. Comme si de rien n’était.

J’ai attendu qu’elle soit couchée et j’ai fait irruption dans sa chambre. Je me suis assise au bord de son lit.
– Je voulais te dire… Je viendrai plus te réveiller maintenant le matin.
Elle m’a jeté un regard surpris.
– Hein ? mais pourquoi ?
– Parce que… C’est pas te rendre service. Il est grand temps que tu te prennes toi-même en charge, non, tu crois pas ?
– Je vais m’oublier. Il y a des jours où je m’oublierai. Forcément.
– Et tu le paieras cash.
J’ai tranquillement ramené draps et couvertures au pied du lit. Je n’ai pas eu besoin de le lui demander : c’est d’elle-même qu’elle s’est retournée. Mise sur le ventre. J’ai tiré sur la culotte de pyjama et j’ai longuement contemplé mon œuvre. Qui avait gagné en profondeur. Dont les couleurs s’étaient épanouies. On n’a rien dit. Ni l’une ni l’autre. J’ai remis le pyjama en place et je suis retournée dans ma chambre.
Elle a presque aussitôt passionnément psalmodié son plaisir. En longs sanglots satisfaits.
À mon tour, j’ai fait venir le mien.

2 commentaires: