jeudi 19 octobre 2017

Mémoires d'une fesseuse (7)

Désormais elle se levait le matin. Tous les matins. Dès la première sonnerie. Sans qu’il me soit jamais besoin d’intervenir.
– Tu vois quand tu veux…
Et ce n’était pas tout. Elle prenait grand soin de tenir l’appartement en ordre, de veiller à ce que le frigo soit plein. D’une manière générale, elle faisait en sorte de ne pas me causer le moindre déplaisir. De quelque nature qu’il soit.
Par ailleurs, ses résultats universitaires s’étaient, quant à eux, améliorés de façon spectaculaire.
– Comme quoi une fessée, si elle est administrée à bon escient, peut se révéler particulièrement efficace. Et irradier dans toutes sortes de domaines.
Je ne manquais pas une occasion de lui faire remarquer qu’elle avait impérativement besoin de ça.
– De quelqu’un qui t’ait bien en mains. Qui t’impose sa loi. Et ce, dans ton intérêt.
J’enfonçais le clou.
– Il y a eu Vanessa. Peut-être d’autres avant. Sûrement même. Et maintenant, tu m’as, moi. T’as sacrément de la chance, avoue !
Elle l’admettait sans sourciller.
– C’est vrai ! Je te remercierai jamais assez.

Qu’elle ait changé aussi radicalement de comportement, sur tous les plans, ne faisait pas vraiment mon affaire. Maintenant, en effet, que j’avais goûté au plaisir subtil de donner des fessées, je n’avais plus qu’une idée en tête : recommencer. Ça m’obsédait. J’aurais bien évidemment pu chercher la petite bête, inventer des prétextes quelconques, faire preuve de la mauvaise foi la plus éhontée pour arriver à mes fins et lui tambouriner le derrière. Mais non. Non. C’était de vraies raisons qu’il me fallait. Que ce soit une VRAIE punition. Mon plaisir, j’en avais parfaitement conscience, était à ce prix. J’attendais donc mon heure. Qui ne venait pas. Elle demeurait désespérément irréprochable.

J’ai abordé le sujet avec elle, un soir que nous étions en veine de confidences toutes les deux.
– C’est une véritable métamorphose, toi, dis donc !
– Ben, oui ! J’ai intérêt. Je sais ce qui m’attend sinon.
– Ça te fait si peur que ça ?
– C’est surtout que ça fait mal.
– Et honte.
– Encore plus, oui.
– Tu m’as dit un jour que t’aimais ça, pourtant, avoir honte.
– Oui. Enfin, non. C’est pas vraiment que j’aime avoir honte, c’est que j’aime sentir que j’ai honte. Avoir honte d’avoir honte, en fait, dans un sens.
Elle a soupiré.
C’est encore bien plus compliqué que ça, mais je sais pas expliquer.
– Essaie quand même !
– Ou peut-être que c’est pas vraiment clair dans ma tête.
Elle a marqué un long temps d’arrêt.
– Une fessée, ça me fait honte, mais ce qui me fait encore plus honte, c’est de tout faire pour ne pas l’avoir. D’être prête à tout accepter pour ça.
– À dépendre entièrement de la volonté de quelqu’un d’autre en somme. De son désir. Ou de ce que tu supposes être son désir. Ce que, depuis des semaines maintenant, tu fais avec moi.
– Oui.
– Pour ta plus grande honte. Et ton plus grand plaisir.
Elle n’a pas répondu. Elle a, très vite, croisé mon regard. Baissé aussitôt les yeux.
Je me suis levée. Je suis passée derrière elle. J’ai posé mes mains sur ses épaules.
– Peut-être bien que ça mériterait une bonne leçon, ça…
Elle a imperceptiblement frissonné.
– Donnée, de préférence, devant du monde. Ce n’en serait que plus efficace.
– Oh, non ! Qui ?
– Tu verras bien qui. Et quand. Il y a rien qui presse. On a tout notre temps. Allez, va vite te coucher maintenant. T’as une dure journée demain.

À côté, dans sa chambre, elle a eu un plaisir comme jamais. Et encore dans la nuit.

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