lundi 9 octobre 2017

Petit matin

Henri Gervex "Rolla" 1878, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Il a tiré les rideaux, ouvert la fenêtre. La douce lumière de septembre a inondé la chambre.
Elle s’est brusquement redressée.
– Ah, c’est toi !
– C’est moi, oui ! Mais c’est quoi, tout ce bazar ? Il s’est passé quoi, ici ?
– Ici ? Je t’ai fait cocu, mon chéri. J’en ai profité que t’étais pas là. T’es content ?
– Non, mais tu te fous de moi, là !
– Ah, mais non ! Non. Pas du tout. Et dans notre lit en plus, je l’ai fait. Le lit conjugal. C’était bien plus excitant.
– Tu peux pas être sérieuse deux minutes ? Et m’expliquer ?
– Mais je suis sérieuse. Très sérieuse. J’ai ramené un mec, cette nuit. Je voulais qu’il reste à t’attendre ce matin, mais il a préféré partir.
– Non, mais alors là, c’est la meilleure !
– J’en avais trop envie, attends ! Non, et puis ce qu’il y a surtout, c’est que c’est plus ce que c’était, maintenant, quand tu me donnes la fessée. Tu fais ça du bout des doigts. Tu t’investis plus. On dirait presque que tu t’ennuies.
– Hein ? Mais pas du tout !
– Je suis frustrée, moi, du coup. Et, pour être franche, j’y trouve plus mon compte. Je t’ai tiré la sonnette d’alarme, pourtant. Plusieurs fois. T’en as pas tenu le moindre compte.
– Mais si ! Seulement…
– Alors je me suis dit qu’il fallait que je te donne une bonne vraie raison de m’en coller une, qu’avec un peu de chance ça te remettrait les paluches en batterie.
– Et c’est qui, ce type ? On peut savoir ?
– Un type.
– Mais encore ?
– Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ? Un type. Je lui ai pas demandé ses papiers. Il m’a plu. Et puis voilà !
– Tu l’as rencontré où ?
– En boîte. C’est encore le meilleur endroit pour ça. Tu danses, tu te tortilles tant et plus et, cinq minutes après, t’as vingt mecs au garde à vous dans leur pantalon qui ne rêvent que d’un truc, c’est de venir se vider les couilles en toi. T’as plus qu’à faire ton choix.
– Oui, alors si je comprends bien, il suffit que j’ai le dos tourné pour qu’aussitôt…
– Oh, mais c’est pas systématique non plus, hein !
– Systématique ou pas, je vais t’en faire passer l’envie, moi, tu vas voir !
– J’espère bien !
– Pousse-toi ! Laisse-moi une petite place !
Il lui a soulevé les jambes, s’est glissé sous elle, assis, son derrière posé sur ses genoux.
– C’était bon, n’empêche ! Comment c’était bon ! Je regrette pas. Ah, non, alors !
– Tourne-toi ! Mets-toi sur le ventre !
Elle l’a fait. Tout en continuant à parler.
– Ah, ils ont pas dû beaucoup dormir, à côté, les pauvres !
Il lui a négligemment posé une main sur les fesses.
– Surtout que… plusieurs fois on a remis ça. Quatre. Cinq. Je sais plus au juste. J’avais bien un peu perdu la tête. Faut dire qu’il savait y faire, le salaud, et que ça a sacrément de la sève à cet âge-là…
– Quel âge ?
– Vingt. Tout rond. Depuis samedi.
– Alors ce sera vingt claques !
Et la première s’est abattue, à toute volée, lui arrachant un petit cri de surprise.
– Ah, il assurait un max, ça, on peut pas dire. Et pas seulement. Tout tendre il était, tout câlin. Et ça, moi, c’est un truc…
Deux. Trois. À pleines fesses.
– Aïe ! Hou, la vache ! Ça promet.
Quatre. Cinq. Elle a gémi.
– Ah, t’en voulais… Eh, ben tu vas en avoir !
Six. Sept. De plus en plus fort. Retentissantes.
– J’m’en fous ! J’en ai bien profité. Non, mais comment elle était bonne, sa queue !
Huit.
– C’est pas souvent qu’on en trouve d’aussi efficaces.
Une neuvième. Qui lui a arraché un cri.
– Hou… Celle-là ! Et d’aussi agréables à reluquer. Je suis pas fan, ça, en général. Mais là, elle en valait vraiment la peine. J’ai fait des photos du coup. Je te les montrerai, si tu veux.
Dix. Onze.
Un autre cri. Plus profond. Plus rauque.
– Tu l’as sucé, j’parie !
– Ah, ben oui, ça, évidemment ! Qu’est-ce tu crois !
Douze.
– Et elle avait sacrément bon goût…
Treize.
– T’as avalé ?
– Tout.
Quatorze. Quinze. Seize.
– Oh, la vache ! Oh, la vache ! Oh, celles-là ! T’as retrouvé la main, dis donc, mon cochon !
– Il t’a pris le cul ?
– Non.
– Menteuse !
Dix-sept. Dix-huit.
– Non, mais ce n’est que partie remise, si tu veux. J’ai son 06. Je l’appellerai.
Dix-neuf.
– Je te retrouve. Enfin, je te retrouve ! Non, mais comment c’est bon !
Vingt.
– Et voilà !
– Il doit être rouge, non ?
– Écarlate. Qu’est-ce tu fais, là ?
– Ben, je me lève. Je vais voir ce que ça donne dans la glace.
– Non, non, tu restes là. C’était que les hors-d’œuvres. La vraie fessée, c’est maintenant qu’elle va commencer.
– Chouette ! Comme quoi, j’ai bien fait, hein, finalement !

2 commentaires:

  1. En effet, si elle pouvait parler sous la fessée, c'est que ce n'était qu'une légère mise en joie.

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  2. La "vraie" fessée, il ne reste plus qu'à l'imaginer, chacun avec ses aspirations propres… ;)

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