jeudi 3 mai 2018

Quinze ans après (4)

Bon, mais commenter des vidéos de fessée, comme ça, quasiment tous les soirs, c’était bien. C’était même très bien. Mais les regarder ensemble, côte à côte, ç’aurait été encore mieux, non ?
Elle ne demandait pas mieux, Andrea. Ah, non, alors ! Au contraire. Ça faisait même déjà un sacré moment que, de son côté, ça la démangeait de me le proposer.
– La seule chose, c’est que, si ça t’ennuie pas, je préfèrerais que ça se passe chez toi. À cause des voisins. Parce que, chez moi, les murs sont quasiment en carton-pâte.
Coxan s’est frotté les mains, ravi.
– Ce qui signifie, à l’évidence, qu’elle ne compte pas se contenter de regarder sagement des vidéos en ta compagnie. Ça sent la fessée à plein nez, ça… Maintenant, à toi de bien savoir mener ta barque.

– Salut !
Toute blonde toute menue, souriante, l’air mutin.
– Eh ben, entre ! Reste pas là ! Assieds-toi ! Mets-toi à ton aise !
– Ça fait tout drôle… En douce que je te voyais pas du tout comme ça…
– Ah, oui ! Et tu me voyais comment ?
– Je sais pas… Mais pas comme ça… Plus grande. L’air plus sévère. Plus intimidante en fait.
– T’es déçue ?
– Oh, non ! Non ! Pas du tout, non. Va pas croire ça…
J’ai lancé une vidéo.
– Allez, on perd pas de temps. On entre dans le vif du sujet.
C’était l’histoire d’une jeune femme qui avait accepté une peine de substitution : cinquante coups de badine en lieu et place de trois ans de prison. La caméra s’attardait complaisamment sur les préparatifs : lecture du jugement, déshabillage. Une femme médecin lui faisait subir un examen médical en règle. Puis deux assistantes prenaient tout leur temps pour l’installer sur la table d’exécution, lui enserrer poignets et chevilles dans des bracelets en cuir, lui attacher la taille avec une longue ceinture, les genoux avec une autre.
Andrea a frissonné.
– T’as tout le temps d’appréhender quand ça dure des éternités comme ça… Ce qui fait partie de la punition, faut croire.
– Le pire moment… Ou le meilleur, c’est selon.
Elle a levé les yeux sur moi, hoché la tête, souri.
L’exécutrice s’est enfin présentée. Elle a vérifié que tout était bien en place, les bracelets et les liens suffisamment serrés. Elle a choisi soigneusement une badine parmi un lot d’une demi-douzaine, l’a fait claquer en l’air, s’est lentement approchée.
Le premier coup est tombé.
Andrea a fermé les yeux, tressailli.
Les autres ont aussitôt suivi, méthodiques, réguliers.
Elle les a regardés s’inscrire, fascinée, en longues traînées rosâtres sur les fesses impuissantes de la condamnée.
La femme médecin a réclamé une interruption, vérifié que la condamnée était en état de supporter son châtiment, fait signe que oui… oui… il pouvait se poursuivre.

– T’as aimé ?
– Oui.
– Ça a pas l’air.
– Oh, si, si ! Seulement…
– Seulement ?
– Je préfère quand elles crient…
– Elle a bien crié…
– Pas vraiment. Pas comme j’aime. C’était trop étouffé. Pas assez abandonné. Non, et puis aussi…
– Et puis aussi… entravée comme elle l’était, elle pouvait pas se contorsionner et gigoter, laisser voir tout son saoul tout ce qu’elle a à montrer. Et ça, t’adores…
– Hein ? Mais comment tu le sais ?

2 commentaires:

  1. Oui, c'est vrai, ça, comment elle le sait (dit celle qui n'a rien lu d'il y a 15 ans...)

    RépondreSupprimer
  2. On ne se rend pas forcément compte du monceau d'informations qu'on laisse passer sans s'en apercevoir.

    RépondreSupprimer