jeudi 17 mai 2018

Quinze après (6)

Elle s’est relevée en se frottant vigoureusement les fesses.
– Hou là là là là là ! Comment ça me cuit !
– Tu pleures.
– Oui, mais ça fait rien, ça ! Tant pis. Tant mieux. Comment c’est bon que ça cuise. J’aurais jamais cru. Enfin, si ! Je me doutais. Mais pas à ce point-là.
– Viens ! Dans ma chambre. Viens ! Je vais te passer de la crème.
Sur le ventre. Sur mon lit. La tête dans mon oreiller.
J’ai étalé. Doucement massé.
– T’as pas arrêté quand je t’ai suppliée.
– C’est ce que tu m’avais demandé.
– J’avais peur que tu le fasses. Comment j’ai trop aimé.
– Ça te soulage, la crème ?
– Un peu, oui.
– En tout cas, qu’est-ce que t’as braillé !
– C’est vrai ? Je me suis pas rendu compte. Ça craint, non, pour tes voisins ?
– Alors ça, j’en ai strictement rien à battre. Et qu’est-ce que t’as gigoté ! Je n’ignore plus rien de ton anatomie. Qu’est-ce qu’il y a ? Ça va pas ?
– Oh, si, si ! Seulement si tu continues comme ça avec la crème, et avec ta main, il va se passer quelque chose.
– Oh, tu crois ?
Et j’ai poursuivi. Et il s’est passé : elle s’est soulevée, a ondulé sous mes doigts, doucement gémi son plaisir, la tête enfouie dans l’oreiller.
– C’était bon ?
– Un peu que c’était bon. Tu es machiavélique.

Au matin, on s’est réveillées l’une auprès de l’autre.
– Quelle heure il est ? Oh, là là ! Va falloir que j’y aille. Le devoir m’appelle.
– Oui, mais pas avant de m’avoir fait voir l’étendue des dégâts.
Elle s’est retournée sur le ventre.
– Alors ?
– Impressionnant ! Tu verras ça dans la glace de la salle de bains, mais impressionnant… Ça a viré déjà. Ça a commencé.
J’y ai passé un doigt.
– Ah, non ! Remets pas ça ! Pas maintenant. Jamais je vais pouvoir aller travailler, moi, sinon…
– Tu serais pas mieux là, avec moi ?
– Si ! Bien sûr que si ! Mais j’ai pas le choix. Déjà que ma paye est toute maigrichonne.
– File vite alors !
– Aujourd’hui, remarque, ça va pas être désagréable du tout de me dire que j’ai le cul en feu et que personne se doute de rien. Les collègues qui vont continuer à me raconter leurs petites histoires. À se prendre la tête pour des conneries. Les clients, à la caisse, qui seront à cent mille lieues d’aller imaginer… J’adore… On se reverra, hein ? On recommencera…
– Évidemment ! La question se pose même pas.
– Non, parce que… Pour une fois qu’il se passe quelque chose d’intéressant dans ma vie…

Coxan s’est frotté les mains.
– Tu es géniale. Absolument géniale. On va y arriver. Je suis sûr qu’on va y arriver. Et tout le monde va y trouver son compte. En plus !
– Tu crois pas si bien dire…
– Parce que ?
– Parce que tu sais ce qu’elle m’a demandé ? Que, la prochaine fois, on l’enregistre sa fessée. Qu’elle puisse la réécouter, après, chez elle, tout à loisir.

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